Au début du roman, on a du mal à se retrouver parmi la pléthore de personnages qui sont introduits dès l'incipit. Mais au fur et à mesure que l'histoire évolue, ces personnages se dispersent pour au final avoir un role important à jouer dans la vie de Nana. Un à un, cette dernière ruine les hommes qu'elle cotoie, leur soutirant de l'argent en leur offrant sa tendresse en échange. Pour certains c'est la faillite financière, pour d'autres, c'est le désarroi absolu qui les envahit, simplement pour avoir voulu plaire à une femme débauchée; afin de la permettre de vivre dans l'opulence dont elle convoitait, une revanche sur son enfance pauvre et souillée. Dur d'imaginer que sous sa beauté captivante, se dissimulait une femme sombre et déviante. Dans ce roman, Zola a démontré avec force la domination de la femme sur l'homme (il était temps), ce que j'ai notamment apprécier =) mais ce qui m'a sincèrement marquée c'est le dénouement: la splendide Vénus qui se fane, qui perd de sa beauté pour laisser place à la répugnante Nana délaissée de tous, mais qui au final, aura assouvi une vengeance longtemps dissimulé.
"Son oeuvre de ruine et de mort était faite, la mouche envolée de l'ordure des faubourgs, apportant le ferment des pourritures sociales, avait empoisonnés ces hommes, rien qu'à se poser sur eux. C'était bien, c'était juste, elle avait vengé son monde, les gueux et les abandonnés. Et tandis que, dans une gloire, son sexe montait et rayonnait sur ses victimes étendues, pareil à un soleil levant qui éclaire un champ de carnage, elle gardait son inconscience de bête superbe, ignorante de sa besogne, bonne fille toujours."